Toilette mortuaire, fin de vie, dignité, respect de la dignité, service de réanimation, hôpital, formation en soins infirmiers, soins palliatifs, soins curatifs, Code de déontologie médicale
Le troisième stage de ma formation en soins infirmiers se déroule dans un service de médecine intensive / réanimation au sein d'un hôpital. Je suis affectée au secteur de réanimation. C'est un secteur qui se compose de 15 lits. Les missions principales sont le diagnostic, les soins à visées curatifs et palliatifs. Les patients hospitalisés au sein du service présentent majoritairement des états de choc, embolie pulmonaire, pneumothorax, ainsi que des syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA). La réanimation est une unité de soins technique où l'état de santé des patients justifie une surveillance étroite et continue. Afin d'élaborer mon analyse de situation, je vais aborder un fait qui a eu lieu durant la deuxième semaine de mon stage. Il s'agit d'une toilette mortuaire à laquelle j'ai assisté. J'ai choisi de réaliser mon analyse de situation sur cet événement, car en dehors du fait que cela m'ait touchée, il s'avère que c'était la première fois que je me confrontais à la mort en dehors de mon cercle familial et surtout d'aussi près. Une toilette mortuaire n'est pas une toilette comme les autres et en réalisant ce devoir, c'est surtout ce que je voulais souligner et mettre en lumière.
[...] Une infirmière se tourne alors vers moi, et me demande si je souhaite assister à sa toilette mortuaire. Je prends quelques secondes à répondre et j'acquiesce de la tête. Je suis chargé de préparer le matériel nécessaire à la réalisation de la toilette, pendant que l'infirmière et l'aide-soignante commencent à lui retirer tous ces dispositifs (scope, cathéter, sonde gastrique . Je m'empare alors du matériel et le dépose sur l'adaptable. Le patient est alors nu devant moi, libéré de tous dispositifs et la toilette débute. [...]
[...] Soudain, un scope retentit et toute l'équipe soignante afflue dans la chambre de monsieur J-J. Monsieur J-J est hospitalisé à la suite d'une cirrhose hépatique[1] ainsi qu'une Hypoplasie de l'artère pulmonaire[2]. Je reste à l'extérieur de la chambre avec l'aide-soignante afin de laisser un maximum de place à l'équipe pluridisciplinaire qui réalise un massage cardiaque. Nous continuons ensuite notre tour, car les autres patients avaient également besoin de soins. Quelques minutes plus tard, l'annonce est faite à l'ensemble de l'équipe soignante, monsieur J-J est décédé. [...]
[...] Je n'avais jamais été aussi proche des conséquences de la mort. Je ne savais pas vraiment comment j'allais réagir, mais je pense qu'en tant qu'étudiante infirmière, c'est un soin auquel il est primordial d'assister avant d'exercer pour que chaque soignant sache et soit préparé psychologiquement à sa confrontation avec un défunt. Les mécanismes de défense mise en place par les soignants sont un processus inconscient, utilisé par le Moi pour faire face à l'angoisse et maîtriser ses émotions. Ce soin si particulier était totalement inconnu pour moi. [...]
[...] Cette réaction involontaire voulait tout dire. Malgré le fait que ce soit un service ou la vie et la mort s'offrent un perpétuel combat, les soignants du service perçoivent la mort comme un échec, et ce jour-là, la défaite pouvait se lire sur tous les visages. Le silence lors de la réalisation de la toilette était pesant, mais ce sont leurs façons de surmonter cette épreuve afin de pouvoir continuer de travailler dans ce service. Dans son œuvre « Le Moi et ses mécanismes de défense », Anna Freud cite : mécanisme de défense est une stratégie défensive que l'on va mettre en place sans en être conscient, et ce, dans le but d'échapper à une angoisse ou à un conflit interne.'' Le dernier au revoir que nous lui avons offert a été spontané. [...]
[...] Durant toute la durée du soin, une multitude de questions existentielles me trottait dans la tête. J'étais présente dans la chambre, mais c'est comme si mon esprit était ailleurs. Le fait que la majorité des patients du service est dans le coma, je pense à faciliter mon approche envers ce patient lors de sa toilette mortuaire. En effet, je ne l'avais jamais vue aux parts avant les yeux ouverts et je n'avais donc jamais entretenu de discussion avec lui. Aucun lien ne s'était créé entre moi et monsieur J-J et c'est cela qui, je pense, m'a fait mieux vivre la situation. [...]
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