Affects, odeurs, patient, soins, relation soignant-soigné, communication, technique, émotions, EPHAD
L'odorat, comme chacun le sait, est un des cinq sens dont est doté l'être humain. L'organe vecteur est le nez qui communique avec les sinus, les voies respiratoires et les voies lacrymales. Il permet de percevoir les odeurs environnantes. La perception des odeurs résulte, comme le décrit Elaine N. MARIEB, du passage de "substances chimiques odorantes en solution" à travers les muqueuses nasales jusqu'aux récepteurs neurosensoriels qui lui sont attribués. Les influx nerveux transmis par les nerfs olfactifs arrivent au cortex olfactif (au niveau du thalamus) où les odeurs sont consciemment interprétées et identifiées, elles peuvent également arriver au niveau de l'hypothalamus qui créera les réactions émotives aux odeurs.
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Dans Le miasme et la jonquille, A. CORBIN montre comment l'individu selon son milieu d'origine sociale établit un lien entre sa perception des odeurs et les classes sociales au XIXe. La perception olfactive varie aussi selon le genre. Les odeurs participent à renforcer les représentations féminines et masculines : donc les stéréotypes masculins et féminins se développent. D'autres historiens ont envisagé une histoire des odeurs, que ce soit dans le contexte des épidémies, notamment de peste, dont on pensait qu'elles se transmettaient par l'odeur, ou dans celui d'une histoire religieuse, par exemple lorsqu'on parle d'odeur de sainteté. On peut se demander, d'une part : quel est le rôle des odeurs dans la psychologie humaine ?
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« Le respect, dont parleront tous les soignants à un moment ou un autre, est un sentiment très fort, qui nous transcende, ce qui laisse à penser que la toilette mobilise, d'une certaine manière, notre conscience, notre morale, notre sens du sacré. "Se laver c'est se purifier" dit Jean-Pierre. » La purification rappelle bien évidemment la notion de sacré et le pur et l'impur que l'on retrouve dans les trois religions monothéistes. Cette représentation conditionne, de fait, tous nos gestes, nos habitus et notre manière de penser et d'agir. C'est pourquoi, il existe une dichotomie entre le monde des gens sains et valides et, celui de l'hôpital et sa cohorte de malades. Les infirmières sont celles qui vont les prendre en charge et répondre non seulement aux besoins des patients, mais s'assurer également que les rituels de la toilette sont accomplis chaque jour.
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Pour autant, dans notre système de santé, on attend des soignants une attitude de neutralité, un visage impassible et, un détachement professionnel, mais bien évidemment, aussi de l'empathie, de la douceur, et de la disponibilité : le parfait cocktail de l'infirmière parfaite.
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Il existe donc tout un arsenal de techniques et astuces qui vont nous permettre d'atténuer les mauvaises odeurs lors d'un soin, mais qui ne suffiront jamais à enrayer toutes les odeurs. Les soignants ne s'y habituent pas vraiment, mais peuvent éviter d'en faire une obsession qui risque de nuire à leur relation et d'impacter durablement leur vie professionnelle au point d'avoir envie de changer de métier. Pour autant, le fait de comprendre que les odeurs sont des indices capitaux pour détecter des changements et, une dégradation de l'état de santé du patient comme la présence de melæna, si caractéristique à l'odeur, permet de mettre à distance ses émotions.
[...] Et d'autre part, les parfums et les odeurs peuvent-ils avoir une influence sur notre comportement ? Ainsi, les japonais prennent très au sérieux deux disciplines en plein essor : l'aromacologie et l'aromathérapie. L'une étudie les effets psychologiques des parfums, l'autre les actions thérapeutiques d'odeurs naturelles. Notre époque moderne refuse l'odeur, surtout les mauvaises odeurs qui sont souvent associées à l'indigence, à la misère, à la saleté ou au laisser aller. Le déclassé pue : la prostituée, le gueux, le clochard sont des gens qu'on fuie. [...]
[...] De la tarte aux pommes, au café fumant dans la tasse, de la brise d'avril à l'odeur de peinture fraîche, elles ponctuent nos vies comme un point d'exclamation Il est rare d'être insensible aux odeurs. C'est pourquoi j'ai choisi de travailler sur ce sujet qui n'a cessé lui-même de me travailler, de me tarauder depuis que j'ai mis un pied à l'hôpital. Ainsi, tout d'abord, j'exposerai ma situation d'appel et je l'analyserai. En partant de cette expérience, je formulerai ma question de départ. [...]
[...] Le code de déontologie des infirmiers vient renforcer la place de l'infirmier comme maillon essentiel dans la prise en charge du patient. Mais c'est également un ensemble de valeurs communes sur lesquelles se mettent d'accord les infirmiers, comme par exemple : "travailler ensemble, instaurer un climat de confiance et faire confiance au collectif ; cheminer vers plus de cohésion. Le travail n'existe que dans la mise en tension provoquée par les normes morales plus ou moins diffuses, les règles institutionnelles et réglementaires (normes institutionnelles) et les individus singuliers." En conclusion, la déontologie infirmière est un ensemble de règles et de devoirs qu'ont les infirmiers au sein de leur profession et, de leur lieu d'exercice. [...]
[...] La composante émotionnelle peut perturber la communication et la mauvaise odeur peut en être une. Elle peut être comme une pensée intime que le malade ne pourrait avouer à personne d'autre. Effectivement, la question se pose donc à l'hôpital, milieu professionnel des soignants qui les contraint à adopter une posture professionnelle et les amène également à ne pas laisser paraître de manière trop flagrante leurs émotions : « L'odorat apparaît comme le sens prééminent à l'hôpital. Si le soignant a toujours la possibilité de tourner le regard, l'odeur s'impose à lui et il trouve peu de stratégies pour les neutraliser et, le plus souvent d'une manière seulement momentanée et partielle. [...]
[...] Ainsi, en zone rurale ce sont les familles qui interpellent les infirmières pour qu'elles fassent un suivi des patients. Cependant, la situation est assez délicate pour les IDE en libéral qui doivent éviter de heurter ou d'être trop intrusives face à leurs patients, c'est pourquoi elles font les choses pas à pas et, avec tact. En revanche, en gériatrie, les infirmières organisent plutôt l'espace autour du patient. Elles ont cette facilité puisque ce n'est pas elles qui « sont dans l'espace du patient, mais le patient qui est à l'hôpital. [...]
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