A Montréal, suite à des tensions sur le marché locatif, un important programme de logements sociaux a été lancé en 2002 par la municipalité. Certaines installations se sont heurtées à une opposition qualifiée de syndrome NIMBY (Not In My Backyard) ou « Pas Dans Ma Cour » (PDMC). Les riverains de certains projets mettent en cause leur intégration environnementale et le processus décisionnel.
Pour analyser les relations qui s'établissent entre riverains, promoteurs de logement social et fonctionnaires municipaux, une étude a été réalisée à l'INRS- Urbanisation (Institut National de Recherche Scientifique) dans le cadre d'un stage ingénieur maître de l'I.U.P Environnement (Institut Universitaire Professionnalisé de l'université de Provence).
Après avoir replacé ces contestations dans leur contexte, nous questionnerons la notion de NIMBY. Si ces revendications sont parfois considérées comme égoïstes et émotives, elles sont avant tout le signe d'un fonctionnement démocratique normal. En effet, notre étude de la presse locale montre qu'il y aurait moins de contestations dites NIMBY dans le logement social que dans les autres projets immobiliers. Les contestations locales reflètent plutôt la difficile conciliation entre des intérêts contradictoires : les partisans du logement social s'engagent pour concrétiser un « droit au logement » tandis que les opposants aux projets se basent sur d'autres droits (droit à la propriété, à un environnement sain et sûr) pour maintenir un statu quo.
Notre étude se focalise sur trois projets qui ont rencontrées des oppositions d'intensités décroissantes. Des entretiens avec des acteurs clés nous ont permis de déterminer les représentations des différentes parties, et les modalités du processus de négociation. Il apparaît que chaque acteur essaye d'accroître sa marge de manœuvre selon un schéma de rationalité limitée.
Ainsi, les opposants doivent acquérir un poids politique en se référant à des arguments acceptables pour peser sur les projets. De leur côté, les partisans des logements sociaux acceptent les revendications environnementales des riverains, et essayent de contenir le débat sur les questions sociales. L'expertise des porteurs de projets ne suffit pas à les légitimer aux yeux des riverains, ils doivent donc communiquer de façon transparente et utiliser des stratégies actives (renforcement du partenariat entre municipalité et organismes communautaires, anticipation des réactions des riverains).
Les contestations locales illustrent donc les paradigmes actuels de l'aménagement (participation des citoyens, importance des questions environnementales) mais aussi la difficulté de les appliquer.
[...] Logement abordable : Logement permettant aux locataires de consacrer moins de 30% de leur revenu pour se loger. Qualifie des logements dont le coût est supporté en partie par la collectivité pour permettre à des catégories sociales défavorisées de payer un loyer inférieur au coût du marché. (Définition usuelle des fonctionnaires) Milieu communautaire : Il ne s'agit pas de regroupement sur une base ethnique, mais du milieu associatif. Ce terme regroupe les organismes privés ayant regroupant des personnes ayant un objectif commun (OBNL, COOP). [...]
[...] La prise en compte de ces préoccupations demande aux partisans du logement social de modifier leur mode d'action. Leur mission n'est plus seulement de fournir des logements adaptés pour une population donnée mais de faire savoir aux riverains que l'intégration du projet est prise en compte EN GUISE DE CONCLUSION Les paradigmes actuels de l'aménagement (importance de la concertation, des questions environnementales ) entraînent une évolution de la pratique des professionnels. Cette enquête nous a permis d'observer certaines de leurs interrogations et des solutions qu'ils proposent. [...]
[...] Le droit au logement est la bonne préoccupation, qui justifie leur engagement et leur travail. Les membres des groupes communautaires y sont le plus attachés, car ils sont plus directement en contact avec les populations cibles. Les fonctionnaires sont plus attentifs à d'autres aspects comme la mixité sociale, la revitalisation urbaine et la bonne utilisation des fonds publics. Les partisans du droit au logement se donnent pour mission de remettre en cause les préjugés contre le logement social, déplorent que les HLM noircissent son image et valorisent l'autonomie de gestion des coopératives. [...]
[...] Ils ont su me mettre en confiance et me guider. Les conseils de Brigitte Bertoncello, professeure à l'université de Provence, m'ont aussi beaucoup aidé. Cette recherche n'aurait pas été possible sans l'indispensable soutien des personnes qui ont bien voulu me rencontrer dans le cadre des interviews. Nous pensons tout particulièrement aux fonctionnaires de la Direction de l'habitation, notamment Jean Jacques Bédard, aux membres des groupes communautaires et aux riverains. Leur accueil a été chaleureux et leurs expériences étaient très enrichissantes. [...]
[...] Les deux points qui ont soulevé le plus la controverse sont la perte des jardins communautaire et les modalités de la concertation 16 Les subventions des trois niveaux (fédéral, provincial et municipal) représentent en moyenne 65% des coûts des projets Florilège des interventions des riverains: J'aime ma rue, il y a des arbres, c'est tranquille. Le jardin communautaire tout le monde l'appréciait. Je n'ai pas eu de réponse vraiment claire pour savoir pourquoi on a détruit ce jardin. Je suis pas contre les logements sociaux. Je travaille là dedans. Je suis contre qu'on m'ait présenté un projet canné ( ) Impliquez pas que les groupes sociaux, impliquez le citoyen ! Ca va devenir un ghetto, huit étages avec le bruit de la rue ! Quelle est la marge de manœuvre ? [...]
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