Pour Goffman, l'institution totale se définit comme « un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d'individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées. »(p.41, "Asiles", Editions de minuit, Paris, 1968, 447p.). Nous avons cherché à déterminer si le centre médico-chirurgical des Petites Roches, et particulièrement son service de rééducation, correspond à cette définition.
La conceptualisation de l'institution totale correspond à un certain rapport de l'individu à sa représentation à la fois à ses propres yeux et aux yeux des autres : en quoi l'institution va-t-elle altérer ce rapport ? Elle pose le problème de la création d'un nouveau statut social à construire.
L'objectif d'Erving Goffman, dans "Asiles" est de souligner le décalage existant entre les normes de l'institution et la prise en compte de l'identité de l'individu, c'est-à-dire sa reconnaissance sociale, non pas seulement d'un point de vue médical, en tant que patient mais en tant qu'être social. Décalage qui explique les multiples "adaptations" de l'individu (contournements divers des règles officielles de l'institution) pour « survivre » non pas physiquement mais socialement au sein de l'institution.
Le sociologue démontre ainsi que le moi se construit par essence « contre » les règles sociales dans lesquelles il s'intègre pourtant. Il est donc important de prendre en compte le discours officiel de l'organisation si on veut analyser les mécanismes de construction du "moi" dans l'institution. Or, nous le verrons, ces règles sont différentes au centre médico-chirurgical de celles décrites dans Asiles qui faisait le portrait d'un hôpital psychiatrique américain dans les années 1950.
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