Actuellement je suis en formation en cours d'emploi dans une structure accueillant de jeunes adolescents en rupture sociale. Je vais parler d'un jeune que j'accompagne dans le quotidien et qui me fait beaucoup réagir dans ma pratique, m'apportant beaucoup d'interrogations et de remises en questions sur ma façon de faire. Pour des raisons évidentes d'anonymat, j'ai changé le vrai prénom du jeune que je vais décrire, je l'appellerai Onur. Onur est un garçon de 13 ans, français d'origine turc, il est plutôt petit et trapu, il a un handicap visuel et porte des lunettes à forte correction. Il a été placé à l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) par le juge des enfants d'après l'article 375 du code civil relatif à l'enfance en danger. C'est un jeune qui n'a plus de limites concernant le respect de l'autre et des règles, poussant parfois à bout, faisant naître en moi un sentiment d'impuissance et de colère. La problématique qui découle de cette situation est : comment dois-je travailler avec ce jeune afin de le comprendre pour ne pas être limité par les émotions qu'il me fait vivre. Pour tenter de répondre à cette question, je décrirai, tout d'abord, mon cadre d'intervention, avec des situations que j'ai vécu avec Onur, puis je les analyserai afin de pouvoir apporter un projet qui sera une tentative de réponse à ma question.
[...] Il n'hésite pas à me poser des questions, me demander mon avis. Il écoute les conseils que je lui donne et tente de les appliquer au mieux. Lorsque je lui dis de répéter son mouvement un certain nombre de fois ou de réaliser différents enchaînements (qui sont des exercices fatigants), il les fait sans rechigner. Même lorsqu'un autre jeune vient le voir, il ne se déconcentre pas et continue. À la fin des exercices, il a le sourire, je le sens content. [...]
[...] La structure peut être un sas entre le secteur éducatif et psychiatrique. C'est un lieu d'accueil, d'observation et d'orientation ; un lieu où le jeune pourra "se poser" et trouver un cadre contenant, une écoute pour l'aider à se reconstruire. Le travail dans la structure « Ados + » se veut innovant, différent des prises en charge plus classiques. Ainsi les idées forces de notre travail sont : disponibilité, être dans la relation (être en lien), écoute, prendre le temps L'histoire familiale d'Onur Onur est né en 1993 en France, il est âgé de 13 ans et demi. [...]
[...] Ce sont des moments qui peuvent se révéler très agréables avec lui. Il demeure brusque et souvent, a du mal à s'arrêter de lui-même, il continue jusqu'à ce que l'éducateur passe du jeu à l'agacement. Par exemple, pendant une période, Onur refuse d'aller se coucher les soirs. Dès que nous le prévenons qu'il est bientôt l'heure de regagner la chambre, il commence à s'exciter, dit qu'il n'a pas sommeil. Il se met à se cacher dans le foyer : sous les tables, dans les placards afin que nous le cherchions. [...]
[...] Onur a besoin de reprendre confiance en lui et en l'adulte. Pour cela, j'ai tenté de « l'accrocher » par une activité qu'il apprécie et qui touche au corps (objet par lequel il se sent différent et dévalorisé): le sport. J'ai mis en place avec lui, une activité boxe, accompagné de séances de musculation qui lui permettent de redécouvrir son corps et de prendre conscience de ses capacités physiques et intellectuelles : capacités d'écoutes, apprentissage technique des mouvements, apprentissage de règles. [...]
[...] Néanmoins, au commencement de ce travail avec lui, j'ai pu constater que le travail de revalorisation à son égard avait des conséquences positives sur son comportement dans le groupe. Puis, l'évolution de ma façon d'être avec lui lors de ses comportements difficiles, ma prise de recul sur mes émotions ressenties m'ont permis d'apporter des réponses plus adaptées et mieux construites, ainsi je me suis senti moins en difficulté devant les comportements d'Onur permettant de rester objectif dans ma pratique. Ce travail d'UF8 m'aura permis de réfléchir sur ma pratique éducative auprès des jeunes, de me remettre en question et ainsi de construire mon identité professionnelle sur ce sujet. [...]
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