Dans une approche analytique, la connaissance des structures et des fonctions simples telles que la pensée, les idées,... suffirait à expliquer la complexité de nombreux construits psychologiques et sociaux. Cette vision de la réalité peut être perçue comme réductionniste et comme niant tout autant l'influence du temps, de la complexité et du contexte dans l'explication de la formation de construits généraux.
Une nouvelle manière de concevoir la cognition humaine revient à Nowak & Vallacher (1998), qui soutiennent l'existence de construits socio-psychologiques complexes qui ne peuvent être scindés en éléments plus simples : c'est la naissance de la psychologie sociale dynamique, dont les quatre idées principales peuvent se résumer ainsi :
- le tout est plus que la somme des parties ;
- les nouvelles propriétés émergent de la globalité du système ;
- les phénomènes observés à un niveau macroscopique sont le résultat de l'interaction, et non de l'addition, de divers éléments à un niveau plus microscopique ;
- les procédures nomothétiques, bien qu'ayant largement contribué à l'évolution des connaissances dans différents champs scientifiques, ont conduit, par les réflexions qu'elles ont suscitées, à l'idée qu'il était nécessaire de recourir à des procédures idiographiques pour s'intéresser à la caractérisation de la variabilité intra-individuelle des phénomènes observés.
Les buts de cette perspective en psychologie sociale s'expriment à différents niveaux : en termes de description (décrire le comportement d'un système complexe, autrement dit l'évolution écologique de variables psychologiques), de caractérisation (caractériser le comportement d'un système complexe, c'est-à-dire de quantifier et de qualifier les effets d'impacts sur la dynamique des variables psychologiques) et de modélisation (expliquer le fonctionnement des construits psychologiques étudiés).
Nous verrons comment il est possible d'appréhender le Soi (sa nature et son fonctionnement) dans une perspective dynamique et individuelle afin de caractériser la complexité de ce système, encore méconnue à l'heure actuelle (...)
[...] Partie 2 : Analyse de la dynamique du flux causal à l'échelle d'une semaine Les cross-corrélations fenêtrées ont permis d'étudier la dynamique des relations d'influence entre les dimensions du soi physique prise deux à deux, de manière plus locale, au cours d'une semaine. Rappelons qu'une alternance entre des décalages positifs et des décalages négatifs est le témoin de fluctuations de la direction de l'influence entre les deux dimensions considérées. Figure 3 : Série temporelle de décalages obtenue par cross-corrélations fenêtrées entre l'estime globale de soi et la valeur physique perçue pour le sujet 2. [...]
[...] annexe présente les corrélations entre chaque sous-domaine et l'estime globale de soi ainsi que la valeur physique perçue. Selon les critères proposés par Fox et Corbin (1989), pour attester de la hiérarchie de l'estime de soi, on devrait observer des relations plus fortes entre les sous-domaines et la valeur physique perçue (niveau médian du modèle) plutôt qu'entre les sous-domaines et l'estime globale de soi (niveau supérieur du modèle). Les résultats ne satisfont pas ce critère pour l'ensemble des données analysées. [...]
[...] Ces auteurs proposent deux concepts centraux pour expliquer cette théorie : la causalité interne, et la complexité et l'émergence. La causalité interne renvoie à la capacité d'un système à évoluer avec le temps sans la présence d'influences externes. Elle fait référence à l'existence d'une dynamique intrinsèque (i. e. quelles que soient les conditions initiales, le comportement du système tend naturellement à 5 rejoindre l'une des coordinations préférentielles du système) et à la présence de bifurcations (changements radicaux dans le comportement d'un système) entre différents régimes d'attracteurs (comportements spontanés, préférentiels, naturels par opposition à des repellants, qui caractérisent des coordinations non-spontanées du système). [...]
[...] The self as a dynamical system. Nonlinear Dynamics, Psychology, and Life Sciences 311-345. Ninot, G., Delignières, D., & Fortes, M. (2000). L'évaluation de l'estime de soi dans le domaine corporel [the assessment of self-esteem in the physical domain]. STAPS 35-48. Ninot, G., Fortes, M., & Delignières, D. [...]
[...] Depuis les travaux novateurs de Nowak & Vallacher (1998) sur l'émergence de l'approche dynamique en psychologie sociale, l'estime de soi et ses différentes dimensions sont abordées dans une perspective individuelle d'historicité et de dépendance à long terme (avec l'idée que l'état du système à t+1 dépend de l'état du système à afin d'une part, de tester à partir d'un nouveau point de vue les hypothèses de fonctionnement proposées jusqu'à lors, et d'autre part, de mettre en évidence et caractériser des phénomènes nonobservables avec des approches classiques. Ainsi, selon Delignières, Fortes & Ninot (2004), l'estime de soi est le produit dynamique de l'histoire d'un système complexe composé de nombreux éléments en interaction constante. Pour caractériser la nature de l'instabilité de ce construit psychologique et ses fluctuations, ces auteurs utilisent une approche basée sur l'analyse de séries temporelles. [...]
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