Le phénoménologie des psychoses - Rapport de stage en centre de détention

Extraits

[...] Trois jours plus tard, je revois Monsieur E. Son état s'est légèrement amélioré. Comme à son habitude, il vient récupérer son traitement à l'infirmerie et ne dit bonjour à personne. Il répond tout de même, très brièvement, aux questions qu'on lui pose : « Bonjour, comment allez-vous aujourd'hui ? - Ça va - Vous avez bien dormi ? - Oui - Vous avez école aujourd'hui ? - Je sais pas » De nouveau, ce patient prend son traitement en continuant son rituel de magie. [...]

[...] La manière qu'a le temps de s'écouler est au centre de l'élaboration clinique. Bien évidemment, le clinicien doit adapter son intervention à la dimension temporelle. La clinique carcérale s'inscrit dans ce modèle qui influence chacune des prises de parole, chacun des silences ainsi que chacun des actes posés, par le clinicien et par le détenu. Conclusion Pour conclure, les entretiens du patient E. ont été une première approche du travail réalisé par un psychologue. L'analyse psychologique clinique est une pratique difficile nécessitant une application de la théorie et une recherche d'approche parfois plus pratique. [...]

[...] J'ai dû passer des portiques de sécurité, en enlevant tout ce qui est en métal. J'ai dû laisser mon sac ainsi que mon téléphone. Mon déjeuner a été inspecté avec minutie et mon couteau a été confisqué. J'ai dû justifier de mon identité à plusieurs reprises. Le ton était donné. Etre en prison c'est être démuni de toute affaire personnelle et travailler dans un système clos. C'est perdre un peu de son identité. J'ai été très bien accueillie par le service psychiatrie/psychologie. [...]

[...] Cette manière de s'installer et ses vêtements tendent à montrer cette opacité qui recouvre le psychisme de Monsieur E. Ne prenant pas mal cette remarque, il commence par nous dire que « le traitement fait du bien, mais qu'il n'est pas assez fort ». « Je veux arrêter d'être accro à la coke, à l'héro et au subutex », dit-il. Je lui demande à quel âge il commencer à prendre de la drogue. Un silence s'installe. Le patient claque des doigts et me fixe du regard sans bouger. [...]

[...] Nous avons pu constater que ce phénomène est vécu comme réel et source de souffrance considérable pour le sujet. Il est plus qu'évident que Monsieur E est confronté à des idées délirantes. Le contenu du délire de ce patient, en plus de se baser sur des hallucinations et de l'imagination, porte sur plusieurs thèmes notamment la persécution et la mysticité. La structure de ce délire est totalement incohérente et mal enchaînée donc non systématisé. Monsieur E n'émet aucune critique et sa croyance est inébranlable. Le sujet adhère totalement à sa réalité. [...]