Suite à un stage en psychiatrie adulte, beaucoup de questions ont émergé en moi, me laissant ainsi dans la réflexion qui ne cesse et ne cessera jamais de prendre de l'ampleur tout au long de mes rencontres et à travers la clinique. Lorsqu'il faut faire le « choix » de s'interroger sur un thème particulier, il est parfois difficile de se restreindre pour mettre un point à une pensée qui nous paraît infinie.
C'est lors de mon stage en hôpital psychiatrique que mon questionnement s'est précisé. En effet, j'ai eu l'occasion de rencontrer un jeune homme de 25 ans, schizophrène et qui était hospitalisé pour la première fois en psychiatrie. Au fil des entretiens, ce qui semblait prévalent dans son délire, c'était qu'il avait une « destinée » et qu'il était pour cela en lien direct avec Dieu. A cela s'ajoutait le « choix » qu'il ne pouvait assumer de « vivre sa vie », puisqu'il avait une « mission » : s'occuper de sa famille, promesse qu'il avait faite à sa grand-mère juste avant qu'elle ne meure.
Ce qui m'a paru intéressant d'un point de vue clinique, c'est l'étonnante captation dans laquelle j'étais face à sa construction délirante. En effet, il me semblait presque réel que ce jeune homme s'était « battu avec Satan », comme il le disait lui-même. C'est ainsi qu'un questionnement est né, portant sur la fonction et la place de la religion dans le délire du schizophrène, sachant que la « croyance » est un concept qui s'exclut par définition de la structure psychotique.
Si l'on parle de « croyances religieuses » dans la névrose, il paraît alors important dans un premier temps de s'intéresser à l'analyse de la religion faite par Freud et Lacan. De la névrose obsessionnelle au symptôme, la psychanalyse a apporté de nombreux enseignements qui placent la religion au cœur de la réalité psychique du sujet. Cette dernière sera par la suite développée pour tenter de comprendre sa structure. Cela nous permettra par la suite de montrer en quoi la réalité psychique dans la névrose est différente de celle du sujet psychotique.
Du déni de la réalité au délire comme « tentative de guérison », nous verrons ensuite qu'il s'agit pour le psychotique de répondre à la question de l'existence, la forclusion du Nom du Père ne lui ayant pas permis d'accéder au registre symbolique. Nous tenterons donc de montrer que plutôt d'une croyance, il sera question de certitude.
Enfin, si la religion se place au cœur de la réalité psychique du sujet, et que cette dernière s'appréhende dans le réel pour le psychotique, la question de la position du sujet dans le langage nous semblera alors indispensable pour mieux comprendre la distinction fondamentale faite entre l'attitude mystique et le délire mystique dans la schizophrénie.
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