LJ'ai été tout au long de cette année au contact d'un professionnel pratiquant exclusivement les thérapies cognitivo comportementales. Cela m'a permis, loin de tout jugement de valeur, d'élaborer une réflexion épistémologique. J'ai effectivement pu soumettre la comparaison l'approche cognitive et la psychanalyse, idéal thérapeutique à mon sens, vers laquelle je tends.
Les thérapies brèves, comportementales, cognitives partent de la considération que le symptôme, réductible à un dysfonctionnement du comportement ou à une dissonance cognitive doit être l'objet d'un ciblage puis d'une procédure de réduction. Freud avait repéré dans son écrit sur L'analyse finie et l'analyse infinie cette impatience qui vient à en détacher la formation signifiante du sujet même. On voit l'enjeu de tout cela : gommer l'insupportable, soit que le sujet soit la cause de son symptôme et qu'il se conforme à un impossible (cette considération est virulente étant donné le contexte social de répression dans lesquels évoluent les fumeurs). Le discours social soutient toute forme d'objectivation favorable à la reproduction de la norme. Le symptôme apparaît comme une nuisance qu'il s'agit de réduire. D'où le fait que les discours de la réparation comme celui de Nicolas B. font un véritable tabac (on appréciera l'allusion!), ce qui culmine dans le dernier venu des gadgets idéologiques de la résilience (que mon maitre de stage apprécie comme support théorique). Sera accueilli avec enthousiasme avait prédit le créateur de la psychanalyse, quiconque débarrassera par quelque phraséologie bonasse, l'humanité de son « embarrassante sujétion sexuelle ».
Freud lui-même aborde volontiers le symptôme en terme de nuisance et de « coût » social. La psychanalyse veut faire en sorte que le sujet aille mieux. Mais ce qu'elle a découvert très tôt, c'est que le sujet est malade du « bien », de celui qu'on lui veut et surtout de celui qu'il se veut au nom de l'autre. Et comme il est même insatisfait de ce bien, il se met à aller mal. Le symptôme est le signe que le sujet se cabre contre le destin qui est fait à son désir. On ne fume pas par hasard.
Voici alors les cohortes des médiateurs qui veulent qu'il retrouve les chemins de son bien. Sous le lifting, on retrouve les vieilleries prépsychanalytiques qui ont cet air de fausse jeunesse en général affligeant. Le plus curieux est que c'est depuis cette jeunesse tôt fanée des modèles new-look sitôt nés que le diagnostic de « vieillissement » est adressé au savoir freudien, dont on vérifie sans cesse la verdeur, au-delà de toute « profession de foi ».
Il n'y a pas ici romantisme de repli vers une subjectivité, inconsciente authentique. Le lieu de la psychanalyse est beaucoup plus réaliste : plus les sciences et techniques s'acharnent sur le symptôme pour en réduire l'effet de vérité, plus le symptôme résiste. Et la psychanalyse avec.
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