Addiction, stratégie de survie psychique, stage en CSAPA, entretiens cliniques, dépendance à un objet, dépendance affective, dépendance aux drogues, dépression, psychanalyse, perte d'objet, solitude, incapacité à être seul, vide psychique, narcissisme, réparation identitaire, acte répétitif, souffrance psychique, mémoire
Durant mon Master 1, j'ai effectué un stage dans un CSAPA (Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie) au Centre Chimène à Issy-les-Moulineaux. J'ai été amené à participer aux entretiens cliniques avec des adultes et des adolescents, aux ateliers artistiques thérapeutiques et aux entretiens avec les infirmières durant l'administration de la méthadone, traitement de substitution à l'héroïne. Ainsi, ce stage m'a permis de découvrir le fonctionnement de la vie institutionnelle dans un centre d'addictologie, et a éveillé ma curiosité sur l'addiction. Au-delà de la substance consommée, je me suis intéressée à la problématique addictive de manière générale.
Ce qui a retenu mon attention, c'est la relation de dépendance qu'un sujet entretient avec un "objet", sachant que cette dépendance peut prendre diverses formes : dépendance à une substance (alcool, drogues), dépendance sans substance (addiction à l'achat, au vol, aux jeux, à Internet) ou dépendance liée à une personne (dépendance affective).
Au tout début de mon stage, lorsque j'ai commencé à assister aux entretiens cliniques, la question de l'addiction des sujets me touchait tellement au niveau contre-transférentiel que toute mon attention fut dirigée sur une seule et unique question : pourquoi devient-on dépendant ? Grâce à mes observations et mon implication dans le stage, j'ai pu constater qu'il est très important de remonter dans l'histoire personnelle du sujet quant à son addiction, car c'est à travers son discours qu'on peut souvent trouver l'"élément déclencheur", ou du moins les facteurs psychiques inconscients qui auraient pu favoriser la dépendance.
[...] Il dit qu'il ne comprenait pas très bien ce qui se passait à l'époque, car il était très jeune. Le père de Jérôme souffrait de troubles schizophréniques, il était suivi à l'hôpital Corentin Celton qui se situe à 50 mètres du CSAPA. Pour Jérôme, cet endroit va être symboliquement chargé d'affects et de représentations, car c'est là qu'il est lui-même suivi pour sa problématique addictive, mais chaque fois qu'il vient au centre, il se rappelle de son père à qui il venait rendre visite. [...]
[...] Jeammet P. Dans Pedinielli J-L., Bonnet A., « Apport de la psychanalyse à la question de l'Addiction », Psychotropes 3/2008 (Vol. p. 41-54. Delourmel C. « L'addiction, une quête de plaisir . ou de jouissance ? », Perspectives Psy 2009/1 (Vol. p. 45-50. Geoffroy R. « De l'analogie entre fétichisme et addiction », Revue française de psychanalyse 2013/4 (Vol. [...]
[...] Et pour cause, puisque la place est prise, au centre, par la mère morte. »[4] Quand la perte d'un objet touche le narcissisme, le vide interne qui reste n'est finalement pas dû à la perte de l'objet, mais à la perte de soi-même. L'angoisse de perte d'objet s'inscrit dans une dimension très narcissique ; la peur de perdre l'autre est aussi une peur de perdre son Moi. La question identitaire est centrale. Le sujet perd une partie de lui-même dans l'objet qui est présent, mais décevant, car il ne répond pas aux besoins et aux attentes du sujet. [...]
[...] Elle dit également que son incontinence urinaire est due à une déchirure de l'organe sexuel. La constitution de l'image du corps passe par la relation miroir que l'enfant entretient avec la mère. S. Lebovici soutient l'idée selon laquelle c'est dans la réciprocité du regard entre la mère et l'enfant que l'image de soi va se constituer. Quand ce regard manque, quand l'enfant ne se retrouve pas dans le regard de la mère, l'image de soi est trouée et diffractée. Lorsque nous évoquions la problématique de Mme B., en réunion pluridisciplinaire, l'infirmière avait dit : « on ne sait pas où est son soi, il y a tellement d'états différents, c'est des confettis. » L'absence de la « mère suffisamment bonne » et de l'objet malléable oblige Mme B. [...]
[...] Dans « Anorexie, addictions et fragilités narcissiques », V. Marinov (2001) précise que « le sens suggéré par le vieux terme français d'addiction souligne le rapport de l'addiction avec une fragilité narcissique menaçant les fondements corporels du narcissisme humain. » 25 P. Jeammet estime que « l'addiction est un moyen de trouver un support dans la réalité externe (extrapsychique) à ce qui manquait dans l'intrapsychique et dont le sujet ne pouvait se consoler. »[23] Ainsi, on peut dire que la conduite addictive vient en réalité manifester les failles narcissiques et dépasse la question de la consommation uniquement. [...]
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