Québec, doctrine Gérin-Lajoie, conception classique, politique québécoise, politique internationale, doctrine colonialiste, traités de Westphalie, paradiplomatie identitaire, régime international, Baie James, Paul Gérin-Lajoie, théorie hobbesienne, politique européenne, indépendance internationale québécoise, France, système international, économie du Québec, entente franco-québécoise, activités internationales, système westphalien
Le présent mémoire fait office de réflexion critique sur la dynamique adoptée par le Québec dans le système des relations internationales par l'instauration de la doctrine Gérin-Lajoie et son évolution quant à la conception classique de celles-ci. Ayant achevé mon stage, qui s'est déroulé dans le Protocole pour le ministère des Relations Internationales et de la Francophonie, je souhaitais mettre en perspective l'impact de la doctrine Gérin-Lajoie, car le Québec a su se détacher de la conception classique westphalienne. La conception classique, émergeant de l'idée hobbesienne que l'état naturel de l'être est chaotique et anarchique, a été instauré suite aux Traités de Westphalie attribuant la souveraineté à l'État dans le but de délimité et d'équilibrer les pouvoirs étatiques en Europe. Toutefois, cette conception, bien qu'appliquée encore de nos jours, limite fortement la notion d'acteur international considérée actuellement, car elle ne permet pas d'inclure d'autres institutions (non-gouvernementales, sub-étatiques, etc.) et de répondre de manières adéquates aux défis internationaux. Dans ce sens, le Québec a su se démarquer fortement de la conception classique de par sa position d'État fédéré étant présentement considéré comme un acteur actif au sein de la communauté internationale. Les engagements internationaux occupent une place centrale de la politique québécoise, une paradiplomatie identitaire comprise par le nationalisme de la population et reflétant ainsi l'importance de son émancipation légale du Canada pour cause d'une diversité culturelle propre et d'un besoin croissant d'expansion économique. Toutefois, bien que sa politique ait inspiré d'autres institutions et acteurs internationaux, la politique québécoise reste cloîtrée dans une dimension coloniale constante, ne permettant pas d'inclure les minorités et notamment les voix autochtones dans les enjeux internationaux actuels.
[...] De plus, la doctrine constituera la base légale sur laquelle le gouvernement du Québec revendiquera son droit à développer et maintenir des liens avec les gouvernements extérieurs et à être représenté à l'international. Le survol des assises juridiques consacrées à la doctrine à travers l'évolution du droit québécois depuis sa formulation en 1965 nous permet de relever les implications conceptuelles rattachées aux principes de la doctrine. Les retombées juridiques de la doctrine Gérin-Lajoie évoquent l'affirmation de la place du Québec en tant qu'acteur international légitime et par le fait même la reconnaissance d'une personnalité internationale à l'État québécois. [...]
[...] Limites Si le prolongement international des compétences internes du Québec suggère une définition alternative au concept d'acteur sur la scène internationale, la doctrine Gérin-Lajoie comporte toutefois quelques lacunes qu'il importe d'identifier si l'on souhaite aller vers une véritable pluralisation des relations internationales. En se penchant plus profondément sur les intentions auxquelles la doctrine souhaite répondre, on constate que la doctrine présente d'importantes limites, notamment en ce qui concerne sa capacité à répondre aux aspirations et aux besoins de tous les acteurs provinciaux du Québec, y compris les groupes autochtones, ainsi qu'à l'égard des préoccupations transnationales et environnementales. [...]
[...] L'évolution du système international vers une scène politique composée d'entités transnationales complexifie l'étude des relations internationales et oblige la reconsidération de la vision stato-centré système international. Qui plus est, un bon nombre d'acteurs sous-étatiques ou non-étatiques ont acquis une influence significative dans la politique mondiale, impactant les dynamiques internationales sans nécessairement être soumise aux contraintes et aux normes traditionnelles de l'État. La montée en importance des guerres inter-étatiques, des groupes rebelles ou encore des organisations locales contrôlant un certain territoire donné au sein d'un État failli remet en question l'idée selon laquelle les États sont les seuls acteurs pertinents. [...]
[...] Pour répondre à ces préoccupations économiques, l'ouverture aux marchés extérieurs et l'attraction d'investissements étrangers s'imposent comme nécessité à la réalisation de ses ambitions économiques. L'augmentation de ses activités internationales devient alors un impératif à la viabilité économique d'un État québécois moderne (Hamel-Perron et Meren p.20-21). Cette transformation des priorités politiques du Québec s'enchâsse à un contexte économique international alors caractérisé par une valorisation du libre-échange et une forte expansion du commerce international (Hamel-Perron et Meren p.17). Ce contexte idéologique mondial marqué par un virage néolibéral fournira l'impulsion nécessaire au Québec pour entamer ses premières démarches d'internationalisation. [...]
[...] pas de société, et, ce qui est le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente ; et la vie de l'homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève » (Hobbes [1651], livre chap. XIII). Ce passage expose l'essence de la conception hobbesienne du monde : un environnement anarchique dans lequel les individus, soumis à l'incertitude et à la possibilité de prédation, ne peuvent compter que sur eux-mêmes (Lemieux p.79 ; Rathbun p.538). C'est sur le caractère anarchique du système international, postulat fondamental de la pensée réaliste, que se forge la vision de l'acteur international adoptée par Hobbes. [...]
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