Le 1er régiment du génie attire une population particulière : il y a de nombreuses personnes qui ont déjà travaillé dans le bâtiment, qui viennent parfois chercher la sécurité de l'emploi, ainsi que la stabilité des heures de travail, mais ce sont des personnes travailleuses, qui ne renâclent pas face au travail. Par contre, la qualité des recrutements dépend de leur date d'entrée dans l'armée. En effet, certains dossiers refusés en janvier réapparaissent et sont acceptés en décembre faute de meilleurs candidats. L'origine sociale des sapeurs à l'instruction est assez homogène. Presque tous viennent d'un milieu qu'on pourrait qualifier de défavorisé, mais aucun ne vient de ce qu'il y a de pire. En effet, en général, ils ont quand même la volonté d'être militaires, et ont une assez grande motivation, surtout si on réussit à la leur transmettre. Par contre, tous n'ont pas le même âge : ils ont entre 17 et 25 ans quand ils arrivent. Cela fait une grande différence : ils n'ont pas la même expérience, certains ont déjà travaillé et se sont déjà débrouillés seuls. Ceux – là sont donc plus autonomes, plus mûrs, parfois plus aptes à commander, mais ils peuvent avoir des problèmes à respecter l'autorité.
Le 1er régiment du génie est un régiment partiellement opérationnel. Les compagnies ne partent pas à l'étranger en tant que spécialistes sauf les 971e et 973e compagnies.
En effet, les compagnies de sapeurs de combat ne peuvent partir en mission autrement qu'en proterre (mission de base pour l'armée de terre) ou en MCD (mission courte durée, qui correspond à un aguerrissement), car elles sont formées dans l'optique d'un combat offensif, optique que l'armée française n'a plus prise depuis longtemps.
[...] Le plus rageant étant que je vis le chef de corps avant de partir, qui était étonné que je n'aie pas participé à un des rares entraînements de la compagnie de contre minage de combat qui avait justement lieu cette semaine-là. J'ai eu aussi beaucoup de mal, et surtout au début, à trouver ma place en tant qu'aspirant, un grade d'officier alors que je n'avais que trois mois de classe de plus qu'eux. J'étais quelque peu mal à l'aise face à eux, je ne savais pas trop comment il fallait que je me comporte face aux autres et surtout face aux sapeurs fraîchement engagés, mais aussi face aux militaires qui avaient beaucoup d'expérience. [...]
[...] Je n'ai plus rien eu à faire pendant plus de deux semaines Enfin, je regrette n'avoir pu faire plus souvent des prestations orales, je me suis en effet rendu compte que je n'étais pas très à l'aise en général ; mais qu'après une bonne préparation l'exercice se passait un peu mieux. C Analyse et bilan des échecs et réussites Le passage à Coëtquidan m'a permis de me développer physiquement, mais surtout d'assimiler fortement la culture militaire. Arrivé en régiment, et après le court passage à la première FGI, je me suis retrouvé face aux autres cadres qui préparaient la FGI depuis trois semaines, et qui commençaient donc déjà à se connaître. J'ai remarqué qu'au début, on s'observait, on avait du mal à débuter des conversations. [...]
[...] Toutefois, la motivation ne dure qu'un temps, il faut varier la communication afin de ne pas être trop répétitif, et pour pouvoir toucher chacun. J'ai vu plusieurs types de fondement de l'autorité. Pour certains cadres, l'autorité reposait sur l'expérience. Pour d'autres, elle naissait de la hiérarchie. La mienne, quant à elle, reposait sur un mélange de hiérarchie et de respect. Il y avait dans les compagnies des incompétents notoires, et ceux-là perdaient toute autorité ; soit en confiant toutes leurs obligations à leurs subalternes, soient parce que le commandement les mettait dans des ‘placards'. [...]
[...] Il m'a permis d'avoir une ouverture sociale et culturelle, me faisant découvrir les relations humaines, à travers les manières de commander, le fondement de l'autorité, les réactions face à un ordre, la dynamique de la réussite dans le commandement Ce stage m'a surtout montré que les relations humaines ne sont pas une science, ce ne sont pas un agrégat de préceptes à suivre afin de faire exécuter correctement des ordres : on ne suivra pas un même comportement selon la personne qui est face à nous. De même, chaque personne peut réagir différemment dans une même situation. Pour autant, afin de commander ‘correctement', c'est-à-dire en étant obéi sans trop de problèmes, il faut savoir gérer correctement les relations avec ses pairs comme avec ses subordonnés et ses patrons. Il m'a été donné de voir un exemple flagrant du pouvoir des relations humaines. [...]
[...] Cela m'a permis de rompre avec le rythme des classes préparatoires, mais aussi de m'ouvrir sur le monde Cela m'a fait sortir de ma classe sociale, de mon milieu estudiantin et de ma famille, pour être au contact de personnes de ‘milieux défavorisés'. Ce stage m'a d'abord fait connaître le milieu militaire, en tant que milieu professionnel particulier, mais professionnel tout de même. N'ayant fait aucun job d'été au profit de séjours linguistiques, j'avais jusque-là esquivé tout stage en entreprise et donc je n'avais jamais été dans un quelconque milieu professionnel. [...]
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