A mon retour de mon stage d'apprentissage, effectué au sein d'un festival de cinéma français aux Etats-Unis, il m'a fallu aussitôt trouver un stage obligatoire.
J'avais tenté, au cours de l'année, de trouver un stage au Ministère de la Défense : en effet, ce ministère avait lancé, sur les sites de recherches de stages et d'emplois étudiants, toute une série de stages rémunérés extrêmement généreusement qui consistaient en fait en des études et analyses sur des problèmes internationaux et nationaux, destinés à être utilisées par les employés du Ministère dans le cadre de leurs propres travaux. J'avoue que ce stage n'avait rien eu à voir avec mon projet professionnel ni ce que j'avais réellement envie de faire pour mon stage obligatoire, à savoir travailler dans une maison de distribution de films. Mais après un an passé aux Etats-Unis, à travailler bénévolement, les impératifs financiers m'interdisaient quelque peu de choisir un stage non rémunéré, aussi passionnant qu'il pouvait être. J'avais réellement besoin de recevoir au moins une compensation financière. Le stage proposé par le Ministère de la Défense réunissait en quelque sorte les deux avantages d'être intéressant, en particulier du point de vue mes études, et très bien rémunéré. Malheureusement, ma candidature ne fut pas retenue.
[...] Peut-être ce magazine fonctionne-t-il de façon particulière. En attendant, j'ai trouvé extrêmement intéressant qu'ils laissent leurs stagiaires assister aux réunions hebdomadaires de la rédaction, bien que nous n'ayons pas eu la chance de participer à celles, plus confidentielles, concernant le départ d'Alain Genestar J'ai ainsi beaucoup appris sur la vie d'un magazine ; sur les enjeux financiers que pouvait constituer le choix d'une couverture, c'est-à-dire choisir la photo la plus vendeuse possible, comme ce fut le cas avec celle du mariage de Daniel Auteuil plutôt que de celle de la guerre au Liban, ce qui s'avéra un choix assez judicieux puisque les ventes ont été meilleures que d'habitude cette semaine-là ; sur la nécessité de trouver pour un sujet un peu « bateau » des angles originaux, je pense par exemple au reportage effectué par deux reporters de Match sur les conditions de vie terribles des clandestins émigrant vers l'Europe, en choisissant de les accompagner sur une embarcation de fortune et d'aborder l'article de leur point de vue ; et même sur la recherche de sujets complètement nouveaux et non balisés, par exemple le sujet sur les œuvres secrètes de Picasso, qu'il a dissimulés à l'intérieur même de ses sculptures les plus connues Il s'agit, et j'en ai pris la pleine mesure, d'un métier où il faut être en constant éveil, en réactivité permanente, en gardant toujours en tête que le lectorat ne doit pas être déçu. [...]
[...] Un second vote a été effectué pour décider de la possibilité d'une grève à partir du moment où Alain Genestar serait "débarqué" effectivement des journalistes (sur 125 participants) ont répondu "oui". En 57 ans d'existence, il n'y avait jamais eu de grève à Paris Match : ce fut donc une action résolument révolutionnaire. Plusieurs noms circulaient dans les bureaux pour la succession. Parmi eux, Christine Ockrent, Gilles-Martin Chauffier, Rédacteur en chef du service Match de Paris ou Anne-Marie Corre, Rédactrice en chef du service Match de la Vie. Clairement, aucun de ces noms ne semblait recueillir les faveurs des journalistes de Match. [...]
[...] Paris Match, un magazine à l'identité marquée et au succès constant, devenu une « marque » Paris Match est l'un des rares magazines de langue non anglaise qui ait réussi à gagner une telle reconnaissance internationale. Ainsi, presque de ses lecteurs hebdomadaires vivent en dehors de la France. C'est peut-être parce que le magazine projette une certaine idée du chic parisien, peut-être parce qu'il montre le monde à travers un prisme très français, ou peut-être aussi simplement parce que son format largement plus axé sur la photographie que sur le texte le rend plus accessible à tous les francophiles du monde. [...]
[...] A l'époque, il était formellement interdit de prendre des photos dans un tribunal mais un photographe de Match parvint à en prendre une, avec un appareil dissimulé, et aujourd'hui, les archives du magazine sont le seul endroit où je peux retrouver les images qui saisissent l'intensité du procès et de la période ». Mais si Paris Match est résolu à aller loin pour donner à ses lecteurs de l' « exclusivité », j'ai remarqué au cours des réunions générales qu'ils tenaient aussi particulièrement à ne pas dépasser les limites. Pour preuve, une phrase d'O. [...]
[...] C'est donc en 1976 qu'il décide de racheter Paris Match à Prouvost pour remanier le magazine. Il réinstalle son ami Roger Thérond à la tête du magazine : ce dernier avait en effet quitté Paris Match huit ans plus tôt pour aller travailler chez le rival L'Express, mais Filipacchi réalisa que Roger Thérond, et son œil expert de photographe avait un regard unique et indispensable pour établir la « vraie » personnalité de Paris Match. Surnommé L'œil, grâce à sa capacité immédiate à faire la différence entre un grand et un petit photographe, Thérond va d'ailleurs réunir tout au long de sa vie une des plus grandes collections de photographies du monde. [...]
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