Les 100 ans de l'Huma (apocope destinée aux intimes) représentaient aussi, pour moi, un événement symbolique important auquel je souhaitais pouvoir participer, même le temps d'un stage. Car, depuis sa création, le quotidien a contribué à alimenter tous les grands débats politiques, sociaux, intellectuels de son temps. Passé du Parti socialiste au Parti communiste, après la scission de 1920, l'Humanité a conservé une place à part dans le paysage de la presse française, tout au long du XXe siècle. Organe de parti, son itinéraire est marqué par l'influence communiste en France puis son recul : ses grandes heures de gloire rejoignent celles du PCF, à commencer par le Front populaire et la Libération, où il atteint des records de diffusion, avant de perdre régulièrement de l'audience.
Journal de militants, de grandes figures (Cachin, Vaillant-Couturier) ou de collaborateurs anonymes, il entretient avec ses lecteurs un lien sensible, une relation affective qu'aucun autre quotidien n'a jamais connue : l'Humanité n'est pas tout à fait un journal comme un autre. Pourtant, comme les autres, depuis un siècle, il doit produire de l'information, faire vivre une rédaction, s'adapter aux exigences de son lectorat, tenir compte des réalités – souvent brutales - du marché...
[...] Contre l'esprit de classe et un patriotisme à œillères, le journal ambitionne de chercher à développer le sens de l'humain et de l'internationalisme. L'éditorial Notre But désormais célèbre, est signé par son fondateur, Jean Jaurès. Limpide, celui-ci présente le journal. Et annonce que L'Humanité est un but à réaliser plutôt qu'une réalité à défendre Car l'humanité existe à peine dans la mesure où celle-ci se voit entravée par l'antagonisme des classes Seul le socialisme ( ) résoudra cet antagonisme ( ) et fera de chaque nation ( ) une parcelle d'humanité Pour Jaurès, il s'agissait de concevoir une publication destinée à la fois aux militants syndicalistes et socialistes, aux partisans de la gauche parlementaire comme aux milieux des intellectuels socialisants. [...]
[...] Les pages froides de la rubrique Culture sont thématiques : Le lundi, la rubrique est consacrée aux spectacles vivants pages) Le mardi, aux arts plastiques, à la photographie, l'architecture et la danse pages) Le mercredi correspond au cinéma pages), le jeudi à la littérature pages), le vendredi à la musique pages) Pour l'édition du samedi de l'Humanité Hebdo, les sujets sont en général de type magazine (soient plus légers), répartis sur trois pages. Nous tenons à préserver l'esprit critique pendant la semaine, le travail sur le phénomène artistique se fait plus dans l'Hebdo que la semaine selon Zoë Lin. En outre, certains sujets de la semaine peuvent être réutilisés dans l'Humanité Hebdo. [...]
[...] Les journalistes se voient ainsi contraints d'exercer une sorte d'autocensure dans leur travail, dans la mesure où il est difficilement acceptable de mettre en danger l'existence d'une petite troupe de théâtre à l'équilibre financier précaire. On comprendra que les critiques d'art puissent s'exprimer de manière plus libre lorsqu'elles chroniquent un Blockbuster américain Une mission démocratique : susciter le débat au sein de la société Le rôle du critique est également de stimuler le lecteur/spectateur/auditeur et son regard critique. En d'autres termes, de permettre de prolonger l'examen, la confrontation de points de vues en dehors de l'article, avec d'autres lecteur/spectateur/auditeur . Bref, de susciter le débat au sein de l'espace public. [...]
[...] Et j'ai eu l'opportunité de découvrir, au sein de l'Humanité un métier pour lequel ma vision, jusqu'alors, ne me laissait pas forcément espérer le meilleur. Faire du journalisme, c'est être dedans dehors, c'est être observateur et acteur, professionnel et citoyen, c'est se poser des questions et donner sans cesse matière à réflexion, s'informer et informer autrui, ouvrir des fenêtres dans la tête de l'autre, contribuer à son niveau à faire avancer l'autre dans sa quête d'information. C'est un métier d'altérité et de prise en compte de l'autre, un métier plein d'humanité. [...]
[...] L'Huma change de peau(x) : la longue mue du journal En 1985, beaucoup pensent déjà que l'Huma doit évoluer et se moderniser pour coller avec son temps. Le journal amorce sa mue par un changement de format, désormais plus petit, de la taille d'un tabloïd. Mais la vraie révolution de l'Humanité intervient lors du 28ème Congrès du Parti Communiste Français, en février 1994 : le journal n'est plus organe central du parti, mais le journal du PCF Le 20 novembre 1997, l'Humanité-Dimanche crée cinquante ans plus tôt disparaît et donne naissance à l'Humanité Hebdo qui fusionnera avec l'Humanité-Samedi en 1999. [...]
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